Le débourrage du  poulain : 

 

 

Généralité :

 

Cette étape est importante dans la vie d’un cheval, elle ne doit pas être effectuée quand on se souvient de ce poulain qui traine au fond d’un pré depuis 3 ans.

Dès son plus jeune âge, l’éleveur se doit de prendre contact avec ce poulain en le caressant, en lui prenant les membres et en le promenant à la longe.

Par contre attention au poulain qui ont été retirés de la mère à la naissance pour multiples raisons, et qui ont été élevés au biberon ; très souvent j’ai eu l’occasion de remarquer que ces chevaux ne respectent plus l’homme, ils mordent, vous bousculent…

Vers 24 mois, on pourra commencer à le travailler un peu en longe, pas plus de 20 minutes avec la découverte des ordres vocaux.

Les manuelles d’hypologies veulent qu’un cheval ne soit pas complètement adulte avant ses 3 ans, sur les forums depuis quelques temps, de jeunes gens ne veulent même pas longer leurs « poulains » avant 4 ans et depuis l’arrivée des éthologues cela glisse même sur les 7 ans…je trouve, ce n’est que mon avis que ca commence à être beaucoup, dans les courses, les chevaux sont débourrer à 18 mois il est vrai que la c’est trop tôt, c’est possible de le faire, mais mis à part pour les courses il n’y a aucun intérêt à le faire si tôt, cela est même déconseillé. Il est aussi bon de rappeler que les poulains de courses sont montés par des gamins de 14 ans qui pèsent pas plus de 35 kilos et cela sur 15 minutes…

Mais une fois de plus, avant que je ne finisse écartelé sur un forum, ce n’est pas ce que je préconise, ce n’est juste qu’un exemple de ce qui se fait dans certains domaines. Nous pourrions épiloguer pendant des heures et comparer avec des selles français bien débourrés âpres 4 ans et tout de suite âpres enchainent des parcours d’obstacles d’1 mètre 20 et finissent à 7 ans par avoir toutes les articulations jarret, genoux, boulet qui claquent à chaque foulés….. Mais ici ce n’est pas le débat.

 

Le travail en longe :

 

 

Le poulain sera travaillé avec un mors droit en caoutchouc et surtout muni d’aiguilles, ce qui aura pour effet de bien emmener le nez du cheval à droite ou à gauche sans que les anneaux d’un simple filet à olive ne rentrent dans sa bouche s’il se défend.

 

Certains trouveront que ce n’est pas raisonnable de mettre le filet dès le début, mais pour des raisons de sécurité, pour le dresseur et le cheval, je ne prends pas de risque.

J’ai déjà vu un poulain longé avec un simple caveçon, se retourner et envoyer un coup de pied en plein visage du dresseur.

Avec un caveçon, si votre poulain décide de partir sans vous et de vous trainer, il y arrivera sans mal, avec un mors il essaiera 2 ou trois fois et utilisera sa force contre lui et finira par se soumettre en douceur. « Quand je dis « force » le mot est exagéré en réalité ca se passe sans rapport de force. »

La longe sera passée « en col de cygne » ce qui aura pour effet d’agir sur les deux commissures en même temps pour que le cheval « se fasse la bouche ». Il arrive parfois que le mors même en caoutchouc blesse les commissures du poulain (comme un bébé qui prend le biberon les premières fois) il faut y faire attention si le cheval à mal, et ça ne doit pas être le cas, il refusera d’être bridé. (Ce n’est qu’une écorchure, il n’a pas mal et ne doit même pas le sentir…si cela arrive appliquer un peu de mytosil ou oxyplastine pour fesse de bébé. Pas de Bétadine car çà sèche et ça fait une croute.

Une fois le travail commencé, il ne faut pas le laisser plus de 3 semaines au repos et sans contact, et le reprendre ensuite sinon ça ne sert à rien.

Le début ne sera pas facile, il faudra faire le tour d’un cercle en marchant à coté du poulain mais avec une bonne distance de longe (environ 1 mètre). Secouer la main qui tient la longe de façon a ce que le poulain s’écarte de vous tout en marchant et en précisant le cercle. Répétez l’opération plusieurs fois de suite.

Une fois que vous commencerez à obtenir un beau cercle, votre position aura beaucoup d’importance. Si vous êtes trop en avant du cheval, il s’arrêtera et vous fera face, vous devrez tout recommencer.

Les deux premiers jours ne seront consacrés qu’à l’apprentissage de la longe.

En fin de la deuxième séance, vous pourrez commencer à lui demander l’arrêt et la reprise au pas sans quitter le cercle. Très souvent les poulains vous feront face et viendront à vous. En aucun cas vous ne devez lui laisser le temps de le faire, c’est à vous (dans un premier temps) d’aller vers lui.

C’est pour cette raison que je déconseille de donner des friandises à tout bout de champs, sinon quand il n’en aura pas il réclamera et par la suite, mal géré vous en ferez un cheval mordeur. Je ne suis pas trop strict mais en mon sens les chevaux ne sont pas des jouets. Mieux vaut donner la récompense au box ou à l’attache, en fin de travail.

Une fois le travail de cercle bien assimilé à main droite et à main gauche (tous les exercices devront être exécutés dans les deux sens.) commencer le travail de transition pas-trot-galop. Tout ce travail de longe devra durer une bonne semaine au total, plus si le poulain a du mal à élaborer les exercices demandés.

 

Après une journée de repos, reprendre le travail de longe pour le détendre pendant 10 à 15 minutes.

Ensuite vous allez passer à l’étape de la selle, il faut se faire aider de quelqu’un qui tiendra le cheval assez cour mais sans qu’il ne s’en rende compte. Il faut présenter le tapis de selle au poulain, il doit le voir, le sentir et le toucher. Vous passerez le tapis sur le poitrail, glissé sur l’épaule et enfin sur le dos, retirez-le tapis et refaites l’opération une seconde fois. Parlez à votre cheval, expliquez lui se que vous faite, il a peur et a besoin de vous. Il faut que pour lui, ces gestes deviennent normaux et sans stress. Si le tapis est jeté sur son dos sans prévenir la première fois, le poulain en gardera toujours un souvenir lié à un stress. Alors qu’avec plus de tact et de patience, ça deviendra pour lui quelque chose de tout à fait anodin et sans danger.

Maintenant vous lui présenterez la selle. Les étriers sont remontés et bien coincés, il n’est pas question qu’ils descendent tout seul et panique votre cheval. Même opération qu’avec le tapis, une fois mis en place et retiré 2-3 fois de suite, faire le tour de votre cheval et descendre la sangle sans la faire tomber et sangler doucement, le cheval ne bougera pas.

Ensuite, en le tenant très court, marchez près de lui, là par contre il risque de bouger un peu, ne lui laissez pas de mou. Faites le tour de la carrière, au pas, arrêt, plusieurs fois de suite, une fois que le dos de votre poulain est détendu et qu’il ne fait plus le dos rond, laissé lui un mètre de longe et laissez le tourner, rallongez peu à peu, une fois qu’il marche sans réagir au bout de 5 bonnes minutes, STOP cela suffit pour aujourd’hui. On le félicite, on le caresse, on dessangle, on enlève la selle et on la repose une fois de plus simplement sur le dos, on félicite on enlève la selle et le tapis. Ne pas hésiter à parler à votre poulain, la voix, pendant et hors temps de travail, est un outil très précieux.

Le lendemain, détente en longe pendant 10-15 minutes, et vous recommencez exactement comme la veille avec le tapis et la selle, cette fois vous passez un peu plus de temps plus sur la longe avec la selle, en milieu de séance, vous le laissez trotter un peu, attention toutefois à ses réactions avec la vitesse et la selle.

Le troisième jour détente à la longe 10 minutes, vous passez moins de temps à la présentation du matériel et vous commencez à lui poser plus franchement. En fin de séance, descendre les étriers à moitié de façon à se qu’ils claquent sur les quartiers de la selle au trot.

Le lendemain longer, seller et descendre les étriers à moitié, pour les descendre totalement en milieu de séance. Le jour suivant, même séance, maintenant la selle ne doit plus être un problème pour votre cheval.

Le cheval monté :

Le cinquième jour, le poulain ira sur le rond de longe déjà sellé, âpres 10-15 minutes de longe pas-trot-galop sur les deux mains comme d’habitude, vient le moment de l'habituer au montoir.

Il faudra vous faire aider d’une personne qui tiendra le poulain très court de façon à ce qu’il ne bouge pas, il n’est pas question de faire du rodéo, ce n’est pas bon pour votre poulain ni pour vous.

Je me souviens des premiers poulains dans des écuries de courses, que l’on m’a fait débourrer. Je n’étais pas spécialement volontaire, de plus les « aides » (des vieux cavaliers) à qui on avait fait ça à leur début, car c’est la tradition, le bizutage, prenaient un malin plaisir à vous mettre sur le dos d’un poulain sorti du pré 2 jours auparavant , sans selle et sans bride, avec 5 bon mètres de longe, accompagné d’un autre « aide » venu assisté au spectacle qui court derrière le poulain avec une chambrière au cas ou vous vous ennuieriez. C’est ridicule et dangereux pour tout le monde.

Un aide vous hisse à plat ventre « en sac a patates » en vous soulevant par la jambe, votre main gauche sur l’encolure devant la selle, votre main droite au niveau du pommeau, l’avant bras le long de la selle sous votre ventre, le coude en direction de l’arrière de la selle, en appui sur l’avant bras. Vos jambes servent de contrepoids pour l’équilibre.

Une fois que le cheval a bien senti votre poids, vous descendez et vous recommencez, 2/3 fois de suite ; une fois que le cheval ne bouge plus sous votre poids, l’aide va faire marcher le cheval sur une ligne droite, ça va bouger un peu. Un tour comme ca dans cette position inconfortable, on redescend et on recommence 2/3 fois de suite. Cette opération durera 15 à 20 minutes.

Cette photo est pour moi un très mauvais exemple, la position du cavalier est très bonne mais l'aide n'est pas à sa place du tout, il est inefficace et inutile, croyez vous qu'il arrivera à retenir quoi que se soit avec un simple licol, si le poulain décide de partir en coup de cul ? Et le cavalier comment va-t-il arrêter ce poulain quand l'aide aura été contraint de lâcher ?

La place de l'aide doit être impérativement à la tète du poulain, qu'il tient fermement avec la longe en col de cygne sur le mors à aiguille.


Les premiers contacts :

Le lendemain vous recommencez, ça devrait aller mieux, il sera possible de se mettre en selle, expliquer le passage de jambe en califourchon .Attention cette fois le cheval voit votre ombre sur la sienne et vous voit droit sur lui, il peut bouger la première fois. L’aide reste à la tête et fait le tour de la carrière, le cavalier ne bouge pas.

Revenez au centre de la carrière, le cavalier descends et remonte plusieurs fois de suite.

Si le poulain se comporte bien, le cavalier commence à bouger les mains sur les rênes, toucher l’encolure… L’aide va commencer à laisser plus de liberté au cheval et le cavalier va commencer à jouer un peu avec les jambes et les rênes. Le poulain ne va pas aimer, il va se braquer au niveau de la bouche, c’est à nous de céder, on relâche et on reprend. N’oubliez pas de rassurer votre poulain oralement. Il doit avoir confiance en vous pour comprendre ce qui lui arrive. Chaque ordre demandé sera net, un ou deux mots : marcher – trotter - au pas etc…

Vous allez faire de larges ouvertures de main afin de bien incurver l’encolure et de soulager un maximum la bouche du cheval, c’est là où l’on comprend l’intérêt du mors à aiguilles. Les freins et la direction sont des opérations très sensibles, c’est au millimètre, il faut rester sur ses gardes, à ce stade rien n’est joué. Le cheval peut profiter du relâchement de l’aide et vous faire payer votre indélicatesse.

Votre aide ne sert plus a rien maintenant… Il est trop loin pour intervenir rapidement, il est temps de voler de vos propres ailes et de faire cavalier seul.

Pour le reste, c’est au cheval de décider, il prendra la décision seul de partir au trot et par la suite au galop. Quand il se sentira bien, même si vous êtes surpris, ne le faites pas voir et ne l’arrêtez pas, il est aussi curieux de savoir se que ça fait. Cependant rester vigilant, il n’a peut être pas dit son dernier mot.

Le travail de dressage :

Votre cheval est débourré, la suite c’est de la patience de la complicité. Au bout de 4/5 séances, le mieux est de partir en ballade avec d’autres vieux chevaux, c’est dehors et non dans un manège qu’il apprendra le plus et sera le mieux. N’oubliez pas que le dressage est un travail de longue halène, votre poulain apprend « son métier ». C’est l’apprentissage de nouvelles sensations mais aussi la découverte de la contrainte et l’obéissance. Ça doit rester un moment de plaisir et de complicité.

Votre cheval pourra apprendre et progresser jusqu’à sa retraite bien méritée.

 

Conclusion :

Le débourrage n’est vraiment pas une science exact, certains chevaux se jetteront contre les murs à la simple vue de la bride, ou au moindre touché, c’est le cas de ces poulains qu’on laisse au fond d’un pré pendant 2 ans.

Certains chevaux ne bougeront pas une oreille et vous vous demanderez s’il n’avait pas déjà été monté avant.

Chaque cheval est différent, à cheval différent, techniques différentes !

Il faudra un cavalier d’expérience pour le bien être de votre poulain et pour le bon déroulement de cette phase essentielle de sa vie.